Les rails du mythique Trans-Sibérien peuvent nous transporter de Moscou à Beijing, ou à Vladivostok. Un peu de créativité et d'organisation permettent toutefois d'emprunter ce chemin centenaire afin de lier la Mongolie et le Kazakhstan, pour moins cher qu'un billet d'avion et avec plus de confort qu'un autobus. Suivez le guide!
L'itinéraire que nous avons conçu pour notre voyage d'un an a d'abord surpris plusieurs de nos ami-es. Passer de Hong Kong à la Mongolie par le Japon et la Corée du Sud, pour ensuite continuer notre chemin vers le Kazakhstan via la Russie ne fait pas vraiment partie des trajets plus classiques des voyageurs en Asie. Pourtant, c'est un voyage inoubliable et plus facile que l'on croit, rendu d'autant plus mémorable par un séjour dans le Trans-Sibérien.
En regardant la carte, passer de la Mongolie au Kazakhstan avait l'air tout simple. En faisant des recherches, on a vite réalisé que c'est un défi beaucoup plus ardu qu'envisagé.
Les options disponibles
En fait, la Mongolie et le Kazakhstan n'ont pas de frontière commune. Il faut donc passer par la Russie ou la Chine pour gagner la république d'Asie centrale.
Beaucoup de voyageurs recommandaient de prendre le bus d'Oulan-Bator jusqu'à Olgii, à l'extrême-ouest de la Mongolie, une destination accessible en trois jours, avant de traverser la frontière de la Russie, puis de prendre un autre autobus jusqu'à Astana. On parle de plusieurs dizaines d'heures dans un autobus plein à craquer, sur une majorité de routes non-pavées. On n'avait pas le courage, malgré le prix ridiculement bas du billet (environ 100$ américains en tout).
D'autres voyageurs téméraires et ne nécessitant aucun confort le font même en taxi partagé, encore une fois de Olgii jusqu'au Kazakhstan. On parle encore de 24h à 36h d'autobus entre Oulan-Bator et Olgii, avant d'embarquer dans des taxis qui transportent jusqu'à 7 personnes.
Comme l'option de traverser par la Chine nous aurait fait passer par le Xinjiang, qu'on n'avait pas envie de voir des logiciels-espions installés dans nos téléphones et que le billet d'avion entre Oulan-Bator et Astana coûte environ 500$ CAD, on s'est dit qu'on allait faire la route en train.
Choo choo
Petit hic : il n'y a pas de route fixe et toute faite entre Oulan-Bator et Astana. On peut toutefois diviser le trajet en deux sections : Oulan-Bator jusqu'à Novosibirsk, puis de Novosibirsk jusqu'à la capitale kazakhe. Il est possible d'acheter les billets un minimum de 30 jours à l'avance. Le billet entre la Mongolie et la Russie coûte environ 300 $ CAD et celui vers le Kazakhstan coûte 90 $ et il faut les acheter séparément. C'est cher, mais le trajet en vaut vraiment la peine, en plus de comprendre le «coût» de l'hébergement pour trois nuits.
On a acheté nos billets sur https://www.russianrailways.com/, dont le service à la clientèle est très professionnel.
Il y a une escale de deux jours à Novosibirsk, puisque l'arrivée et le départ des trains ne sont pas coordonnés. On en profite pour visiter la capitale de la Sibérie, découvrir ses musées et la surprenante gastronomie locale.
Le visa
Pour les citoyens canadiens, il est obligatoire d'obtenir un visa pour entrer en Russie. De notre côté, nous avons fait notre demande à l'ambassade de Russie à Oulan-Bator une fois que nous avons reçu les billets de train, qui sont arrivés par la poste à partir de Moscou et que nous avons récupérés à l'adresse indiquée par Russian Railways.
Nous avons fait une demande pour un visa de transit, qui donne la possibilité de «transiter» sur le territoire russe pour un maximum de 10 jours si le voyage se fait par voie terrestre, preuve de transport et d'hébergement à l'appui. On a aussi droit à un maximum de deux nuits dans une ville russe.
Les documents demandés se trouvent sous la section «transit visa» de l'ambassade à Oulan-Bator : https://mongolia.mid.ru/en_GB/consular. Vous devez aussi remplir un long formulaire sur internet ( http://visa.kdmid.ru ) puis l'imprimer et l'amener avec le reste de vos documents. On vous conseille aussi d'apporter des preuves d'assurance médicale, même si ce n'est pas spécifié sur le site.
L'ambassade est ouverte les lundis, mercredis et vendredis jusqu'à midi. Présentez-vous et attendez qu'on vous amène voir un employé. Si vous avez bien préparé vos documents, vous aurez votre visa en trois jours ouvrables.
La préparation
Un voyage sur le Trans-Sibérien, ça se prépare! Surtout pour la nourriture, en fait, puisque le wagon-restaurant n'ouvre qu'à partir d'Oulan-Oudé, en Russie, soit près de 15 heures après le départ. Vous n'aurez probablement pas le temps non plus de débarquer du train pour acheter des provisions lors des courts (mais fréquents) arrêts en Mongolie.
Même lorsque le restaurant ouvre, on a
trouvé que les prix étaient très élevés pour la quantité de nourriture qu'on y servait, même si tous les plats étaient excellents. Prévoyez de 7 à 10$ par repas, payables en roubles, si vous voulez manger dans le train.
À bord du train, vous aurez accès à de l'eau bouillante en quantité illimitée. On s'est stockés en nouilles instantanées et en café soluble et on a profité d'une longue escale le deuxième jour pour aller acheter de l'eau froide, tannés que nous étions de boire de la vieille eau semi-chaude pendant deux jours.
Pensez aussi à vous amener des collations comme des barres tendres, des fruits, du chocolat, des noix, ou encore le nécessaire pour vous concocter des repas froids comme des wraps au thon.
Dans les wagons de deuxième classe, comme celui que nous avons choisi, les cabines comportent quatre couchettes chacune. Le personnel du train vous fournira un oreiller, une taie, des draps et une couette. Pas besoin, donc, de vous soucier d'apporter le nécessaire pour dormir.
Le train est d'une propreté impeccable. Nous avons vu les employées nettoyer les radiateurs, les bords de fenêtres, les rampes d'accès à l'extérieur du wagon et récurer les planchers et les toilettes plusieurs fois par jour.
L'âge des trains peut varier énormément. Le train qui nous a mené de la Mongolie à la Russie comportait des toilettes qui se vidaient directement sur les rails, des fenêtres en bois et des tapis traditionnels recouvrant les corridors. C'était tout un contraste avec le train beaucoup plus récent qui nous a transportés de Novosibirsk à Nur-Sultan, avec ses toilettes en porcelaine et même ses douches!
Dans tous les cas, les trains sont extrêmement bien maintenus et le personnel est toujours affable et prêt à aider.
Vous aurez aussi sûrement envie de vous étirer les jambes en prenant des petites randonnées entre les wagons. Pensez à vous amener des sandales ou des pantoufles, pour ne pas avoir à toujours mettre et enlever vos souliers de marche. Vous serez beaucoup plus confortables!
Évidemment, il y a plusieurs moments où il n'y a pas de réseau à bord du train. Glissez donc un jeu de cartes, un jeu de société, des livres, ou encore des films à écouter sur votre ordinateur dans votre sac. Le temps passera beaucoup plus vite et il n'y a rien d'aussi poétique que de jouer au 31 en contemplant la taïga.
Dernier conseil pour l'arrivée: le train vous mènera à la vieille gare d'Astana et il est fort probable que vous arriviez en plein milieu de la nuit. Ignorez les vendeurs et autres monsieurs louches dans la gare, sortez et vous verrez sur votre droite des chauffeurs de taxi qui vous proposeront de vous faire monter. Leurs voitures sont propres et ce sont de vrais taxis, contrairement à toutes les voitures qui servent de taxis improvisés dans plusieurs villes d'Asie centrale.
Vous pourrez ensuite aller vous coucher, la tête reposée, dans la capitale futuriste du Kazakhstan.
EN RÉSUMÉ
Vous aurez besoin d'un visa de transit russe.
Vous pouvez acheter les billets un minimum de 30 jours en avance.
Le trajet total coûte environ 390$ CAD.
Amenez de l'eau, des collations et des repas froids.
Vous pourrez passer 48h dans la capitale de la Sibérie, Novosibirsk.
Vous partez bientôt en voyage? Voici quelques conseils pour mieux vous préparer.
